La notion romantique de « malédiction » du poète apparaît déjà en 1832 dans l'ouvrage d'Alfred de Vigny, Stello qui expose le problème des rapports entre poètes et société, anticipant la pièce Chatterton: « (...) du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les puissances de la terre... ». Figure tragique poussée à l'extrême, versant à l'occasion dans la démence, l'image du poète maudit constitue, en quelque sorte, le sommet indépassable de la pensée romantique. Elle domine une conception de la poésie caractéristique de la seconde moitié du xixe siècle.
L'expression « poète maudit » ayant fait florès, elle peut aujourd'hui qualifier d'autres auteurs que les poètes symbolistes. Elle désigne en général un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante, autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur. Ont ainsi pu recevoir ce qualificatif Verlaine, Baudelaire, Mallarmé et Rimbaud, mais aussi des auteurs comme François Villon, Nicolas Gilbert, Thomas Chatterton, Gérard de Nerval, Lautréamont, Petrus Borel, Charles Cros, Léon Deubel, Émile Nelligan, Antonin Artaud, Olivier Larronde, ou encore John Keats et Edgar Allan Poe.
Pour en savoir plus sur le thème des poètes maudits, et sur ce qui qualifie un poète comme "maudit", voici le texte Poète malheureux, poète maudit, malédiction littéraire, de Pascal Brissette.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire