Au
XIXème siècle, il y a eu le développement de différents courants artistiques
engagés aux thèmes de la modernité ainsi qu'aux bouleversements politiques,
sociaux et culturels. Malgré la variété des pratiques artistiques mises en
scène à cette époque, il est possible d'établir un dialogue entre des
diverses formes d'expression, notamment entre l'estétique symboliste dans la
poésie et celle de l'impressionisme dans la peinture. On reconnaît ce rapport non seulement
dans les thèmes représentés par des artistes, mais aussi dans les
portraits des poètes et les scènes des cercles sociaux présentés par les
peintres. Voici donc une série de tableaux peints au XIXème siècle et exposés actuellement au Musée d'Orsay à Paris.
Un coin de table (par Henri Fantin-Latour)
Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Un coin de table
1872
Huile sur toile
H. 160 ; L. 225 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Un coin de table
1872
Huile sur toile
H. 160 ; L. 225 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Un coin de table est un
portrait de groupe tout autant qu'un témoignage sur l'histoire littéraire du
XIXe siècle, du mouvement poétique du Parnasse en particulier. A l'extrémité
d'une table, plusieurs hommes sont réunis après un repas. Trois sont debout, de
gauche à droite : Elzéar Bonnier, Emile Blémont, Jean Aicard. Cinq sont assis,
Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, Léon Valade, Ernest d'Hervilly, Camille
Pelletan. Tous sont vêtus de noir sauf un, Camille Pelletan, qui n'est pas
poète comme les autres, mais un homme politique. Emile Blémont distingué par sa
position centrale acquiert le tableau qu'il offre au Louvre en 1910. Deux
figures au moins manquent : Charles Baudelaire, disparu en 1867, et auquel le
tableau devait initialement rendre hommage, et Albert Mérat qui ne souhaitait
pas être représenté en compagnie des sulfureux Verlaine et Rimbaud et fut,
dit-on, remplacé par un bouquet de fleurs.
Le format de la peinture, jugé trop important par les contemporains, fut
critiqué : "Qui a bien pu conseiller à M. Fantin-Latour de donner à
son Coin de table des proportions épiques et monumentales?...
il y a, entre les dimensions ambitieuses de la toile et le sujet, une
contradiction qui, à la longue, devient irritante".
Hommage à Delacroix (par Henri Fantin-Latour)
Henri Fantin-Latour
(1836-1904)
Hommage à Delacroix
1864
Huile sur toile
H. 160 ; L. 250 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Hommage à Delacroix
1864
Huile sur toile
H. 160 ; L. 250 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Visitant les galeries du
musée du château de Versailles en juillet 1838, Baudelaire découvre Delacroix
et la toile La Bataille de Taillebourg. C'est le début d'une grande
passion pour l'oeuvre romantique et colorée du "plus suggestif de tous les
peintres". Dans le Salon de 1846, il consacre tout un chapitre
au "vrai peintre du XIXe siècle". Lorsque le 13 août 1863, le maître,
l'ami qu'il admirait tant s'éteint, Baudelaire en conçoit un véritable
désespoir.
L'admiration que l'auteur des Fleurs du mal porte à Delacroix témoigne du respect accordé au peintre par les artistes qui vont incarner la modernité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi Henri Fantin-Latour réalise, un an après la disparition de Delacroix, ce portrait collectif destiné à lui rendre l'hommage qu'il n'avait pas reçu de son vivant.
Autour d'un portrait de Delacroix, réalisé d'après une photographie prise dix ans plus tôt, la scène réunit hommes de lettres et artistes. On peut notamment reconnaître Fantin-Latour lui-même, en chemise blanche et la palette à la main, James Whistler debout au premier plan, Edouard Manet, les mains dans les poches, et bien sûr Baudelaire, assis à droite, le visage crispé.
L'admiration que l'auteur des Fleurs du mal porte à Delacroix témoigne du respect accordé au peintre par les artistes qui vont incarner la modernité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi Henri Fantin-Latour réalise, un an après la disparition de Delacroix, ce portrait collectif destiné à lui rendre l'hommage qu'il n'avait pas reçu de son vivant.
Autour d'un portrait de Delacroix, réalisé d'après une photographie prise dix ans plus tôt, la scène réunit hommes de lettres et artistes. On peut notamment reconnaître Fantin-Latour lui-même, en chemise blanche et la palette à la main, James Whistler debout au premier plan, Edouard Manet, les mains dans les poches, et bien sûr Baudelaire, assis à droite, le visage crispé.
Paul Verlaine (par Eugène Carrière)
Eugène Carrière (1849-1906)
Paul Verlaine
1891
Huile sur toileH. 61 ; L. 51 cm
Paris, musée d'Orsayacquis avec la
participation de la Société des Amis du Musée d'Orsay, 1910
© RMN-Grand Palais (Musée
d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Dans les années 1880 et
1890, Carrière fit des portraits intimistes de personnalités qu'il fréquentait dans
les cercles symbolistes, les milieux politiques de gauche, ou les milieux
littéraires. Il peint ainsi le romancier Alphonse Daudet en 1891, ou Paul
Verlaine, dont l'oeuvre, mais aussi la personnalité tourmentée furent très
importantes pour la génération des artistes symbolistes.
Carrière avait rencontré Verlaine à l'hôpital Broussais en 1890, et la légende veut qu'il n'y ait eu, pour ce portrait, qu'une unique séance de pose. Le visage qui émerge comme un masque ou une tête d'expression est une caractéristique des "portraits psychologiques" de Carrière, et, loin des portraits mondains ou officiels, il traduit le génie tourmenté de son sujet. L'indétermination des fonds sombres sur lesquels surgissent le visage et parfois les mains des modèles ont justifié des rapprochements stylistiques avec la sculpture contemporaine de Medardo Rosso et le "non fini" d'Auguste Rodin.
Le portrait de Paul Verlaine est l'un des plus célèbres portraits de Carrière, il fut plusieurs fois exposé du vivant du peintre, à Paris et à Bruxelles. Carrière l'avait dédicacé et donné à Verlaine - la dédicace se lit en bas à gauche du tableau "au poëte Verlaine, Eugène Carrière", et celui-ci lui consacra, en retour, un sonnet publié dans ses Oeuvres posthumes. Le tableau fut largement diffusé en gravure par l'imprimeur Lemercié après la mort du poète, survenue en 1896.
Carrière avait rencontré Verlaine à l'hôpital Broussais en 1890, et la légende veut qu'il n'y ait eu, pour ce portrait, qu'une unique séance de pose. Le visage qui émerge comme un masque ou une tête d'expression est une caractéristique des "portraits psychologiques" de Carrière, et, loin des portraits mondains ou officiels, il traduit le génie tourmenté de son sujet. L'indétermination des fonds sombres sur lesquels surgissent le visage et parfois les mains des modèles ont justifié des rapprochements stylistiques avec la sculpture contemporaine de Medardo Rosso et le "non fini" d'Auguste Rodin.
Le portrait de Paul Verlaine est l'un des plus célèbres portraits de Carrière, il fut plusieurs fois exposé du vivant du peintre, à Paris et à Bruxelles. Carrière l'avait dédicacé et donné à Verlaine - la dédicace se lit en bas à gauche du tableau "au poëte Verlaine, Eugène Carrière", et celui-ci lui consacra, en retour, un sonnet publié dans ses Oeuvres posthumes. Le tableau fut largement diffusé en gravure par l'imprimeur Lemercié après la mort du poète, survenue en 1896.
Stéphane Mallarmé (par Edouard Manet)
Edouard Manet
(1832-1883)
Stéphane Mallarmé
1876
Huile
sur toileH. 27,5 ; L. 36 cm
Paris,
musée d'Orsayacquis avec le
concours de la Société des Amis du Louvre et D. David Weill, 1928
© RMN-Grand
Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Ce portrait peint en 1876
date de la publication de l'Après-midi d'un faune de Mallarmé, un
long poème illustré de gravures de Manet. L'année précédente, le peintre et
l'écrivain s'étaient déjà rapprochés pour la publication d'une traduction
illustrée du Corbeaud'Edgar Allan Poe.
Leur amitié remonte à 1873 et, pendant presque 10 ans, les deux hommes se
rencontrent quotidiennement pour discuter peinture, littérature, nouvelle esthétique
mais aussi chats et mode féminine. Comme il l'avait fait avec Zola en 1866,
Manet entreprend ce portrait en remerciement pour la publication d'un article
paru dans une revue anglaise. Mallarmé enseignait l'anglais au Lycée Condorcet.
Dans cet article le poète avait fait l'éloge de la peinture de Manet et placé
le peintre à la tête du mouvement impressionniste.
Ce dernier le fait poser dans son atelier et choisit une toile de petit format
pour peindre son modèle au naturel dans une attitude décontractée. Appuyé sur
des coussins, le poète dont une main est glissée dans la poche de son paletot,
s'appuie sur une liasse de papier, une allusion peut-être à l'article récemment
publié ou à un autre travail d'écriture. Il fume l'un de ces gros cigares qui
donnent à la main un geste élégant.
Source des tableaux et des commentaires des oeuvres:
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/peinture.html
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