(Bruno RAMALHO) A une
passante
La rue assourdissante autour
de moi hurlait.
Longue, mince, en grand
deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main
fastueuse
Soulevant, balançant le
feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe
de statue.
Moi, je buvais, crispé comme
un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où
germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le
plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! ‐ Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait
soudainement renaître,
Ne te verrai‐je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici !
trop tard ! jamais peut‐être !
Car j'ignore où tu fuis, tu
ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô
toi qui le savais !
Charles Baudelaire, « A une
passante », Les Fleurs du mal, 1857.
(pastiche Bruno RAMALHO) À un voyant
RépondreSupprimerLa rue est bruyante des désirs
sincères dans leur férocité, ingénus
Sur la terrasse parmi les voyants
J’en choisi un lui percer le coeur
Pauvre enfant qui ne connaît que
l’amour de la passion et du désir
Qui y trouve tel plaisir que la mort
lui est belle, qui les entendra ?
Ne sachant que naître et mourir
c’est bien la nature du juir
(Bruno RAMALHO pastiche « À un voyant »)