lundi 14 décembre 2015

[Juliana Sander] Pastiche de "A une passante" - Charles Baudelaire

A celui qui reste

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, ma douleur sourde,
Un homme resta, d'une main lourde
Soulevant, buvant comme un extravagant;

Agile et ivre, avec sa jambe en mouvement.
Moi, je balançait le feston et l’ourlet,
Dans son oeil, ciel gris où germe l'ouragan,
Le regard qui tue et le plaisir qui disparaît.

Un éclair... puis la nuit ! – Il est encore resté
Dont le regard m'a fait soudainement pâlir,
Ne pourrais-je m’enfuir ?

Ailleurs, bien loin de là ! trop tard ! jamais peut-être !
Car il ignore que je m’enfuis, il sais où je vais,
Ô toi que j'eusse craindre, ô toi qui le savais !

(Par Juliana Sander)

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